Délibération
du 13 octobre 1857:
Projet de création d'un communal à
la Monselie.
"Le conseil considérant que la
création d'un communal à la Monselie est tout contre les
intérêts d'Antignac et qu'elle amènerait infailliblement en très
peu de temps la division de la commune et par conséquent une
diminution dans les ressources qui lui sont absolument nécessaire
pour subvenir au paiement de ses charges.
Considérant qu'il n'y a pas encore
d'églises dans la section de la Monselie, que celle qui est en
construction est loin d'être terminée et qu'elle ne peut encore
servir convenablement au culte.
Considérant qu'une succursale n'est
pas nécessaire au village la Monselie, parce que les habitants les
plus éloignés du chef-lieu de la commune peuvent facilement en
toute saison s'y rendrent en moins d'une heure."
Le conseil, cinq membres exceptés,
s'opposent à la création d'une succursale de la Monselie.
Plus tard le 9
février 1862, il protestera
aussi contre l'érection de la Monselie en commune :
" Attendu que la section de la
Monselie n'a jamais été érigée en commune, qu'elle n'a jamais eu
d'églises, de presbytère, de desservant, de conseil municipal, que
seulement à l'époque de la révolution, il fut accordé à cette
section par l'administration supérieure un registre pour l'état-civil
qui lui fut bientôt retirée par Monsieur le préfet parce qu'il
était inutile et très mal tenu, que les habitants de cette
section, loin d'être mécontents de cette décision, en furent au
contraire satisfait, et que depuis cette époque ils ont constamment
vécu en parfaite intelligence avec les habitants de la section d'Antignac,
à l'exception de quelques familles ambitieuses qui auraient
désiré la séparation civile."
Voilà, si vous voulez le son de la
cloche laïque. Entendons celui de la cloche religieuse ; et d'abord
Monsieur le curé d'Antignac. Nous donnerons ensuite la
délibération prise par Monsieur Delteil chapelain de la Monselie.
"Nous membres du conseil de
fabrique de la chapelle de la Monselie, instituée par ordonnance
épiscopale du 1er
juillet 1857, conformément à la
circulaire ministérielle du 11
mai 1809, convoqués par Monsieur
Delteil notre chapelain en vertu d'une autorisation de Monseigneur
de Pompignac évêque de Saint Flour, nous sommes réunis au lieu
ordinaire de nos séances pour délibérer sur les intérêts de la
jeune paroisse.
Considérant :
1°) que notre paroisse de la
Monselie, n'est pas une paroisse nouvelle, qu'elle a formé même
une commune distincte ayant son maire, sa municipalité, son
église, son cimetière jusqu'au 24
août 1827, que forcée à cette
époque d'accepter avec la Daille (section d'Antignac) un même
maire, un même curé, une même église, elle est restée
néanmoins toujours séparée d'Antignac ; non seulement d'esprit et
de cœur mais encore extérieurement car :
-
a) les habitants de
la Monselie ont toujours eu sur la place publique d'Antignac un
côté marqué pour se réunir ;
-
b) dans l'église
ils ont continuellement occupé la partie méridionale sans
qu'on ait pu jamais faire accepter à l'un d'entre eux une place
du côté du nord ;
- c) à la mort de l'un de leurs
frères ils n'ont jamais voulu permettre que ses cendres fussent
mêlées aux cendres des habitants de la section d'Antignac.
Toutes les fois que les prêtres d'Antignac pour obtenir une
apparence de fusion entre les deux sections ont voulu n'avoir
qu'un seul cimetière et ont refusé d'accompagner à celui du
rocher les restes mortels d'un habitant du Muradès les parents,
quoique tous remplis de sentiments chrétiens ont préféré
renoncer aux derniers honneurs que l'église rend aux morts
plutôt que de voir un des leurs enterré au cimetière d'Antignac.
2°) les difficultés des chemins, la
plupart de nos villages se trouvent à quatre, cinq et même six kms,
il faut pour assister au service divin 2 et même 3 heures de course
pénible à travers les neiges en hiver toujours par des chemins
affreux ; quelquefois sur le point d'aborder le pont d'Antignac nous
nous voyons obligés de rétrograder, la rue qui conduit au pont se
trouvant inondée par le débordement de la rivière qui est assez
fréquent.
3°) les biens considérables
légués à l'église de la Monselie par Madame Duthu. En possession
de 142.000 francs, notre église pourra toujours pourvoir à tous
ses besoins sans le secours de l'état.
Pour ces motifs si puissants pour
nous dispenser d'en rappeler d'autres, nous avons tous émis le vœu
le plus ardent au nom de toute la paroisse de la Monselie que
Monseigneur de Pompignac notre illustre et saint évêque, daigne
nous placer sous sa puissante protection pour obtenir promptement le
titre de succursale pour l'église de la Monselie. L'obligeant
témoignage que sa grandeur vient de nous donner, de l'intérêt
qu'elle porte à notre église naissante, a rempli nos cœurs des
sentiments de la plus vive reconnaissance et nous fait espérer
qu'elle daignera accepter les motifs de notre demande et user de son
puissant crédit pour le faire agréer et son excellence le ministre
des cultes."
Fait et délibéré à la Monselie le
10 mars 1858,
CHAUDIERE, Dr SABATIER, DUMAS,
SANSETIER, SERRE, DELTEIL
|