Legs
de Madame DUTHU
Voici d'abord le texte du testament
de la généreuse bienfaitrice, on peut le considérer comme la
charte de fondation de la paroisse de la Monselie:
" Au nom du père, du fils et
du saint esprit ainsi soit-il. Ceci est mon testament, ma libre et
dernière volonté; je donne la rente de 7978 francs pour être
vendus pour aider à construire l'église, le presbytère et la
maison d'école de la Monselie, commune d'Antignac, canton de
Saignes (Cantal).
Cette somme sera remise dans le
délai de 2 mois après ma mort à Monsieur le docteur Sabatier
habitant la sus dite Monselie et par lui aux syndics nommés par les
habitants du Muradès, pour diriger les travaux des susdites
constructions.
Telles sont mes intentions bien
formelles, ce 27 février 1854."
Signé: LEGROS Marie Henriette, veuve
de Jean DUTHU.
Quelques mots sur la donatrice et sa
famille :
Monsieur DUTHU, de province
(Hautes-Pyrénées) était venu à Paris avec une bonne du nom de
Marie LEGROS. Ils eurent une fille, Marie Henriette, qu'il fit
épouser à son frère Jean DUTHU et il mourut sans avoir
régularisé sa situation avec la mère. Marie Henriette était donc
enfant naturel et son mari, mort avant elle, lui donna les biens
dont il avait les hérité de son frère enrichi à Paris dans des
affaires de chocolaterie.
Marie Thérèse LEGROS, veuve de Jean
DUTHU, âgée de 57 ans, née à Paris, mourut à son domicile (51
rue des Batailles) à 10 heures du soir, le 21 mars 1854, en ayant
institué par son testament du 27 février de la même année, une
de ses amie Madame Louise Thérèse COLLOT veuve de Marius Hippolyte
SENS, rentière, demeurant au Batignolles, légataire universelle.
Voici les biens dont elle mourait
nanties:
Une maison à Paris, rue
Philippeau n° 21 30.000 F
Une maison à Versailles, rue de
Satory n° 71 25.000 F
Son mobilier destiné à 1.433 F
Une rente sur l'état à 3% 338 F
Une rente sur l'état à 3 % 63 F
11 hectares de terre à Marcoussis
(S&O), d'un fermage annuel de 5,26 ha 14.690 F
Et enfin la rente de 7.948 francs
léguée au hameau de la Monselie et représentant un capital de
165.000 francs.
Mais les choses n'allèrent pas
toutes seules. Chacun voulait sa part du gâteau, comme nous allons
le voir. Le docteur SABATIER, malgré les démarches de son oncle le
Monsieur l'abbé NOEL, ne fût pas mis en possession de la somme
dont il était dit dans le testament.
La famille de la défunte faisait
opposition sur opposition et la légataire universelle Madame SENS
détenait toujours le legs en question, mais le testament était
déjà entre les mains de Monsieur BOISSEL notaire à Paris.
Celui-ci, saisit de la chose Monsieur
d'ARNOUX préfet du Cantal. Ce préfet fit constituer un dossier et
les choses traînaient en longueur. Il garda ensuite ce dossier
pendant plus de 2 ans. Pendant ce temps, ce fut une longue suite de
lettres du préfet au ministre, du ministre au préfet, du notaire
au préfet, du préfet au sous-préfet, du sous-préfet au maire d'Antignac
Monsieur ARMAND.
Entre-temps celui-ci et son conseil
municipal avaient pris forces décisions qui méritent d'être
relatées ici.
|